J’ai le droit de jouer et d’avoir des loisirs

Par Caroline Larroque-éducatrice de jeunes enfants, formatrice Petite Enfance et coordinatrice Education au sein d’Eponyme, gestionnaire de la structure.

Le DROIT DE JOUER ET D’AVOIR DES LOISIRS est inscrit dans la convention internationale des droits de l’enfant signé en 1989.

C’est quoi le droit de jouer ?

Pourquoi des hommes et des femmes ont estimé que c’était une partie essentielle d’une convention qui impose à tous les Etats le respect de ce droit pour tous les enfants du monde ? Des associations militent à travers le monde pour que le jeu des enfants soit préservé et que tous les enfants aient accès à des activités de loisirs, artistiques et à la culture, en fonction de leur âge, même en zone de guerre (UNICEF, Right to Play).

Le jeu est une nécessité vitale pour la construction de l’enfant.

Jean EPSTEIN, psychosociologue français, nous dit : « l’enfant ne joue pas pour apprendre, il apprend parce qu’il joue ». Il nous dit aussi que « l’adulte joue quand il n’a plus rien d’important à faire. L’enfant, lui, joue sa vie ».*

Le jeu, comme vous allez le voir, est le principal vecteur d’apprentissage de du jeune enfant. Prenons les cubes en bois ou les Kappla par exemple. Quand l’enfant construit une tour :

  • Il teste les lois de la physique, l’équilibre, la persévérance. Il va mettre en place des stratégies pour arriver à ses fins. (intelligence sensori-motrice)
  • Il va apprendre par essais/erreurs, et toujours recommencer. Un point essentiel pour la construction de l’estime de soi ! (intelligence intra personnelle, visuelle et spatiale)
  • Il va vivre les mathématiques : et un, et deux, et trois briques pour monter : compter ça se vit avant de s’apprendre !
  • Il va développer aussi son esprit logique : un petit cube tient mieux sur un plus gros par exemple. (intelligence logico-mathématique)
  • Il va aussi apprendre à dire « non » aux autres enfants quand ceux-ci vont essayer de faire tomber sa tour : il va donc travailler l’affirmation de soi.
  • Il va aussi, en grandissant, construire sa tour avec d’autres enfants : il développera donc ses habiletés sociales. (intelligence interpersonnelle)
  • Il va se créer des mondes, ajouter des animaux, faire semblant : il va développer son imaginaire et sa créativité.
  • Et tout cela grâce à quelques cubes… et au regard bienveillant de l’adulte présent qui aura pensé en amont son espace de jeux en fonction de ses besoins et sera prêt à jouer avec lui.

*Jean EPSTEIN, le jeu enjeu, 2011

Qu’est-ce-que ça veut dire chez EPONYME le droit de jouer ?

1. C’est d’abord considérer que tout est jeu car tout est manipulation et essais/erreurs : la tour, enfiler ses chaussettes, se laver les mains, pousser sa chaise, gratter la terre, peindre avec ses doigts, un pinceau, cueillir des fleurs, les sentir, enfiler des perles, manipuler les livres, rêver, etc…. Avec toujours la possibilité pour l’enfant de ne rien faire (temps de pause pour le cerveau pour assimiler tout ce qu’il a emmagasiné !). Nous n’opposons pas jeu libre et activités. Il y a simplement le jeu mené par l’enfant et le jeu proposé par l’adulte. Et ensuite c’est l’enfant qui nourrit lui-même ses apprentissages.

2. Jouer avec l’enfant fait partie intégrante du travail des professionnel.les de la petite enfance car cela offre de riches observations qui indiquent là où en est l’enfant dans son développement. Il est aussi source de beaux moments de plaisir et d’échanges à la crèche entre enfants et entre adultes et enfants. L’adulte étant garant de la sécurité affective des enfants par sa présence et sa disponibilité, et garant de l’aménagement des espaces correspondant aux besoins de tous, en fonction de ce qu’ils connaissent des enfants accueillis (préférences de jeux)

3. Le jeu chez EPONYME c’est aussi un maximum d’éléments naturels et de jouets respectueux de la santé de l’enfant et de l’environnement en privilégiant par exemple les jouets sans plastique ou de seconde main,

4. Ce sont des crèches qui proposent des journées sans jouets : avec des jeux fabriqués par les professionnel.le.s, des objets récupérés auprès des familles. 5. et c’est aussi, et surtout, jouer DEHORS car l’extérieur, la nature répond aux besoins de tous les enfants. C’est le lieu de la liberté, de l’imaginaire et de l’expérimentation à l’infini.

En résumé, le jeu est l’élément vital du quotidien des enfants car il leur permet de se construire et de grandir. Il est source de plaisir et d’interactions sociales. Voilà pourquoi quand les parents demandent le soir aux professionnel.le.s à propos de leur enfant : « qu’est-ce-qu’il a fait aujourd’hui ? », les professionnel.le.s se plaisent à répondre « qu’est-ce qu’il a bien joué ! »

En savoir plus : Qui est Jean Epstein ?

Psychosociologue français, Jean Epstein travaille auprès des jeunes enfants, des adolescents et des familles depuis 1974. Il est reconnu en France et à l’étranger comme l’expert-référent de la Petite Enfance. Cofondateur du GRAPE (Groupe de Recherche et d’Action Petite Enfance), Jean Epstein a été responsable du programme « enfance » de la fondation de France, membre de la Commission Européenne « Famille-Enfance-Education ». Il est, entre autres, l’auteur de Comprendre le monde de l’enfant (2010), et de Le jeu enjeu, adultes enfants, vivre ensemble en collectivité(2011), Assistantes maternelles : un monde extraordinaire (2013), L’assistante maternelle et les violences (2014).

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