Le 6 octobre dernier, les professionnel·les de la petite enfance ont fait entendre leur voix. Pour défendre leur métier. Pour défendre leur utilité sociétale. Pour défendre les enfants et les familles, qu’ils·elles accompagnent chaque jour. Une mobilisation nationale sans précédents, qu’il faut savoir écouter de la part d’un secteur qu’on entend peu, que l’on voit peu, alors même que sa responsabilité est immense : petite enfance, grande exigence !
Faut-il encore rappeler que les données scientifiques ne cessent de prouver que la petite enfance - et même la prime (0-3 ans) - enfance est une période cruciale ?
En effet, c’est dans les premières années, que se forment les possibilités de développement, d’épanouissement et d’apprentissage, comme vient le préciser, dès ses premières lignes, le Rapport des 1000 jours, commandé par le Gouvernement, en 2020 : « Les 1000 premiers jours de l’enfant constituent aujourd’hui un concept incontournable pour de nombreux scientifiques afin de souligner l’importance de cette période clé pour tout individu. En effet, il s’agit d’une période sensible pour le développement et la sécurisation de l’enfant, qui contient les prémisses de la santé et du bien-être de l’individu tout au long de la vie ».
Les professionnel·les de la petite enfance ont alors un rôle majeur à jouer dans le développement global de l’enfant, dont les effets se vérifieront à l’âge adulte.
La Petite Enfance : un secteur en souffrance qu'il faut enfin valoriser
Pourtant, aujourd’hui le secteur est mis à mal et certains comparent le contexte à celui qui a si fortement secoué celui des EPHAD, au printemps dernier. La pénurie de personnel, le modèle économique et les difficultés qui en découlent, le cadre législatif, un nombre grandissant de familles et d’enfants avec des besoins spécifiques d’accompagnement, etc. limitent les Établissements d’Accueil du Jeune Enfant, dans leurs capacités à proposer une qualité d’accueil pleine et entière. « Nous sommes effectivement nombreux à vivre ce sentiment de décalage entre la qualité d’accueil et d’accompagnement que nous aimerions proposer à tous les enfants et des réalités de terrain » déclarait Monique Busquet , psychomotricienne et formatrice, dans un billet paru, en mai dernier, dans « Les Pros de la Petite Enfance* »
Au-delà de revendications concrètes autour du cadre institutionnel et d’un besoin évident de reconnaissance, le secteur de la petite enfance a désormais besoin de lever collectivement les freins à la qualité d’accueil, des petits comme des grands. L’un ne va pas sans l’autre !
Nombreux sont les acteurs de terrain qui se remettent en question, qui cherchent des solutions, qui testent, qui mettent l’enfant au cœur de leurs projets.
Mais, dans un contexte de grandes tensions, et au sein d’une politique familiale qui se centre sur la conciliation vie professionnelle vie personnelle, et non sur les besoins premiers du développement de nos enfants, la tâche est ardue.
Vers une volonté d'innovation et d'expérimentation collective
Cette dichotomie, Eponyme y fait face au quotidien : malgré une ambition assumée d’offrir aux enfants accueillis dans nos structures, le projet qui répond au mieux à leurs besoins physiques, psychiques et émotionnels, nous nous heurtons régulièrement aux conditions actuelles de mises en œuvre d’un tel accompagnement. Manque de personnel qualifié, besoin de montée en compétences, ratio d’encadrement restreint, temps réflexif insuffisant… le chantier est immense pour proposer la qualité d’accueil dont la société a besoin.
Cette problématique ne nous est pas spécifique. Elle concerne tous les acteurs de la petite enfance, quel que soit leur statut (public, privé, associatif…)
Il faut avoir conscience du sacrifice financier que représente pour tout·es ces professionnel·les un jour de grève pour défendre leur profession, leur expertise, et surtout la non-dégradation de la réglementation, qui viendrait encore amoindrir leur capacité à accompagner les tout-petits, dans leurs premiers apprentissages. Nous leur apportons tout notre soutien et sommes plus que jamais décidés à faire bouger les lignes du déploiement de la qualité, dans les structures d’accueil des jeunes enfants. C’est pourquoi, nous avons fait récemment le choix de l’innovation sociale. À travers la construction d’un programme de R&D sociale, nous souhaitons mobiliser un écosystème d’acteurs (institutionnels, gestionnaires de tous horizons, chercheur·ses…) autour d’une démarche de réflexion collective au bénéfice de tous. » précise Anne Grenier, Directrice Générale d’Eponyme.
Objectifs : lever les freins et dessiner ensemble les conditions idoines de mises en œuvre d’un accompagnement qualitatif de la prime enfance.
À terme, le collectif devra permettre de :
• Définir ce que doit être la qualité d’accueil et les méthodes pour sa mise en œuvre et son évaluation
• Aider à faire évoluer la réglementation et les modalités de financement, à travers des propositions tangibles
• Proposer des terrains d’applications dans différents modèles de structures (multi-accueils en DSP, en régie, associatifs…)
« Face aux défis actuels, nous avons besoin d’écouter ceux qui élaborent des contre-modèles, qui rompent avec les normes, qui remettent en cause le consensus en vigueur. », écrit ainsi dans un billet de blog intitulé « Innovation sociale, innovation publique, l’urgence de la convergence », Sébastien Palluault fondateur d’Ellyx, agence de R&D et innovation sociale, qui accompagne Eponyme, sur ce nouveau chemin où tout est à (ré)inventer pour le devenir de notre société.
Sources :